Azar Models fabrique à Nantes le petit TGV du monde
Le plus petit TGV du monde est fabriqué à Nantes. 220 fois plus petit que l’original, sous la marque Azar Models. Moïse Rogez l’a imaginé, dessiné, mis au point et fabriqué… dans son bureau !
Un défi technique et entrepreneurial permis par les nouvelles technologies numériques et la facilité des échanges entre l’Asie et l’Europe. La marque Azar Models doit, selon son concepteur, devenir une marque de référence à cette échelle dans le monde très particulier des trains miniatures.
Un peu d’histoire ferroviaire miniature
Au début des années 1970, l’industriel allemand Märklin invente l’échelle normalisée Z. Des très petits trains roulants sur des rails de 6,5 millimètres d’écartement. Une échelle de réduction si petite qu’on peut faire rouler les trains dans un attaché case. Les monèles reproduits sont exclusivement allemands, et les amateurs français de trains miniatures délaisseront cette échelle, qui permet pourtant de faire rouler de "grands" trains réalistes dans des espaces réduits.
"Mon grand père m’a offert un train miniature à l’échelle Z quand j’ai eu 15 ans" se souvient Moïse Rogez, "j’ai bien joué avec, tout en regrettant de ne pas pouvoir faire rouler des modèles de trains de la SNCF, en me disant qu’un jour quelqu’un en fabriquerait". Les études, les vies, professionnelle et familiale, s’installent, et le petit train en Z reste dans son carton. Longtemps.
"Et puis il y a peu j’ai ressorti le réseau, les technologies d’impression 3D ayant bien évolué, je me suis dit que je pouvais peut-être me remettre au train miniature". Une petite gare pour le petit train pour commencer, et naît l’idée, que cette activité amateur pourrait devenir professionnelle, s’impose.
Tester le marché
Moïse aime les choses qui se concrétisent vite. Alors en quelques mois autour de l’année 2020, celle des confinements, il se forme à la conception assistée par ordinateur, cherche dans le vaste monde numérique des solutions technologiques, et trouve en Asie les micros moteurs qui feront rouler ses modèles. En à peine 15 mois, la première locomotive, une machine diesel, populaire en France, de la série SNCF 67400, est mise sur le marché.
"Je faisais la carrosserie en impression 3D, la décoration avec une imprimante à encre UV chez un ami, je pliais les boites en carton et je faisais les expéditions". "Je voulais un modèle qui roule à une allure réaliste, avec une prise de courant hyper-fiable", contrairement aux modèles de son enfance. "J’ai testé le marché en me disant : si j’en vend 50 j’arrête, si j’en vend 500 je continue…" La marque Azar Models était née.
Business plan et industrialisation
"Tout problème a une solution, le plus compliqué dans une entreprise c’est le management et la levée de fonds" remarque Moïse Rogez. Inventif et persévérant, il doit faire financer les premiers moules d’injection plastique pour industrialiser son activité.
Muni d’un solide business plan, il part à la recherche de locaux et d’argent frais. De la métropole de Nantes à la Banque Publique d’investissement. Il installe son bureau dans un hôtel d’entreprises à Rezé, et la BPI le suit.
L’accueil du monde économique a été positif, celui des amateurs également. Pour filer sur les rails du succès à grande vitesse, il fallait passer de la locomotive diesel et des wagons de marchandises, à un modèle emblématique des chemins de fer français.
Ce sera le TGV sud-est. Ce TGV orange, inauguré en 1981 reliant Paris et Lyon en 2 heures, et qui a marqué durablement les esprits. En France et dans le monde entier.
Il faut 100 000 euros pour lancer la production des carrosseries des deux locomotives et des huit voitures composant la rame. "J’ai pensé à un financement participatif, les réseaux sociaux et internet ont fait le reste", en quelques mois grâce à Ulule l’objectif est atteint et même largement dépassé.
Les souscripteurs affluent, des Etats-Unis, du Japon, de Suisse, du Royaume-Uni et… d’Allemagne. Car les amateurs allemands pratiquant la toute petite échelle Z s’intéressent aussi aux trains français. "Ils représentent même 20% du chiffre d’affaire d’Azar Models".
Un peu d’Asie et beaucoup d’Europe dans ce TGV en Z
Voilà bien là un paradoxe, alors que, d’une manière générale, les industriels se tournent vers l’Asie pour réaliser leurs productions, Moïse Roger, joue la carte locale pour une bonne partie de son activité. "La fabrication des pièces est réalisée en Chine dans la région de Chenzen, circuit électronique, moteurs, carrosseries, mais l’assemblage se fait ici, pour des raisons de protection de la propriété intellectuelle, de maîtrise de la qualité".
"Il faut utiliser les compétences là où elles sont. Il n’y pas que le prix en Asie ! L’injection plastique, la peinture, la tampographie, nécessitent un savoir faire qui se trouve désormais là-bas". Il a trouvé en Chine un prestataire français qui s’assure de la bonne exécution des commandes.
Des emplois en réseau pour demain
Le plus petit TGV du monde est en cours de fabrication, et devrait "vite" arriver chez les amateurs. "C’est frustrant", reconnait son concepteur, "il faut 18 mois pour avoir un modèle commercialisable, alors que, en quelques jours ou semaines, on peut disposer d’un prototype fonctionnel".
Alors pour patienter, Moïse Rogez passe déjà à l’étape suivante, le recrutement de collaborateurs, "dans l’idéal trois personnes, pour le marketing et le commercial, l’animation de la distribution". Les profils ? Un ou des ingénieurs sans doute, assurément des personnes qui travailleront en réseau. Comme les trains réels, ou miniatures.



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