Transdev pourrait céder une partie de son capital à l’Allemand Rethmann
Transdev opérateur de transports publics en France et dans le monde, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, pourrait passer sous le contrôle du groupe allemand Rethmann. La Caisse des Dépôts, se dit prête à céder plus de la moitié de ses participations.
Transdev, Transport et Développement, est un géant des transports de voyageurs. Il emploie plus de 102 000 personnes et réalise 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Détenu à 66% par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), institution financière publique française, les 34% restants le sont par le groupe familial allemand Rethmann. Le groupe allemand affirme avoir fait "une offre à bon prix avec un fort engagement social". La CDC espère 1 milliard d’euros de cette transaction.
Transdev en France et dans le monde
Si Transdev est une entreprise peu connue des Français, comparativement à la SNCF ou à la RATP, c’est une marque présente dans 19 pays. Aux USA, Transdev est propriétaire du réseau First Transit à Cincinnati dans l’Ohio. Transdev est ainsi le premier employeur dans les transports publics aux USA avec plus de 35 000 salariés.
Tramways, bus à haut niveau de service et trains, roulent de Melbourne en Australie à Bogota en Colombie, de Quito en Équateur au Pays-Bas, en Finlande, en Chine, et surtout en Allemagne. Outre Rhin, Transdev est le premier concurrent de la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire nationale allemande.
En France, en plus de nombreux réseaux urbains et régionaux, c’est justement sur les rails que Transdev va faire une entrée remarquée. À partir du 29 juin 2025, la ligne TER Marseille Nice circulera, sur les rails de SNCF Réseau, sous sa marque avec des trains lui appartenant.
Plus modestement, c’est l’infrastructure qui intéresse Transdev désormais. Dans les Vosges, le groupe va remettre en service la ligne de Contrexéville à Nancy. La gestion sera partagée avec le groupe de travaux publics NGE.
Transports urbains et interurbains en France représentent 30% de son chiffre d’affaire.
Le groupe Rethmann
Le groupe a été fondé en 1934, et emploie 96 000 personnes dans trois sociétés, Remondis dans la gestion des déchets et de l’eau, Rhenus dans la logistique et Saria dans la production de bio-carburants. Rhenus produit en association avec Total des carburants verts pour l’aviation à Grandpuits en Seine et Marne, et exploite par ailleurs le port fluvial de Colmar.
Traditionnellement la famille Rethmann est réputée pour exiger peu de dividendes et réinvestit l’essentiel de ses bénéfices. Depuis son entrée au capitale de Transdev en octobre 2018, le chiffre d’affaire a augmenté de moitié et les effectifs de 20 000 personnes.
Les raisons avancées de ce désengagement
La Caisse des Dépôts et Consignations indique vouloir sortir partiellement du capital de Transdev par l’évolution de l’entreprise qui peine à dégager un bénéfice normal en France. Elle estime avoir vocation à financer les transports en France, mais pas forcément dans le reste du monde.
Sur le marché français, Thierry Mallet, le patron de Transdev ne cache pas qu’il se sent bridé par les anciens monopoles, SNCF (en direct ou avec sa filiale Keolis) et RATP, qui résistent à l’ouverture à la concurrence et se battent pour ne lâcher aucun marché. Pour finir, les prix sont tellement tirés vers le bas que les marges pour les opérateurs sont très faibles.
Gilles Savary, membre du Haut Comité du système de transport ferroviaire a sa petite idée sur les raisons de cette cession : "Transdev ne veut plus servir de lièvre aux autorités organisatrices des transports pour, qu’au final, la SNCF ou RATP Dev emportent le marché avec des prix très bas. Ce n’est pas sain".
Les syndicats plaident pour que Transdev reste sous pavillon français. Thierry Mallet fait le pari "d’un "Airbus" du transport public". Si la transaction est réalisée, il pourrait bien gagner son pari.
Christophe Turgis avec AFP

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